Depuis juin 2023, on assiste à une augmentation spectaculaire de l’indice MASI à la bourse de Casablanca. Le MASI mesure l’évolution globale des valeurs cotées sur la place casablancaise qui a franchi la barre des 19000 points. Cette augmentation aussi spectaculaire n’a pas été vécue depuis la crise des Subprimes de 2008, soit depuis 17 ans.
Comment peut-on expliquer cette hausse ?
Depuis juin 2023, le Maroc a commencé petit à petit à se remettre des effets de la guerre en Ukraine sur les cours des matières premières et donc du transport. Le fait que ni la Russie ni l’Ukraine ne fournissent de gaz ou de pétrole rendaient l’offre sur le marché beaucoup plus diminuée, ce qui tendait à augmenter les prix des matières premières à l’échelle mondiale, et à fortiori du transport de marchandises, qui est à la base de toute activité commerciale. Ensuite vers le mois de septembre de la même année, le Maroc s’est vu choisi par la Confédération Africaine de Football pour organiser la CAN 2025 et par la FIFA pour coorganiser avec l’Espagne et le Portugal la Coupe du Monde 2030. Ces annonces ont lancé un vaste projet d’infrastructures qui a chargé le carnet de commandes des entreprises cotées, comme TGCC pour le BTP ou Maroc Telecom pour la 5G. Ainsi, les investisseurs achetaient de plus en plus ces valeurs là car ils avaient confiance en l’avenir de ces sociétés, surtout grâce à ces évènements inédits. Ceci explique la hausse du MASI depuis plus de deux ans. L’apaisement des tensions inflationnistes à terme a aussi encouragé ces investissements à voir le jour.
Les niveaux de valorisation sont-ils raisonnables ?
Un des moyens pour vérifier si le niveau de valorisation d’une entreprise est raisonnable est de calculer un ratio nommé PER. Il consiste diviser son cours (prix sur le marché) par son bénéfice par action. Le PER global estimé de l’année 2025 pour la bourse de Casablanca 22.3. Or, c’est un PER qui ne cesse d’augmenter depuis juin 2023. La question qui se pose est si le bénéfice des entreprises va suivre la cadence, sinon le PER sera encore plus élevé. Aujourd’hui, plusieurs valeurs sont surévaluées malgré des fondamentaux qui ne valent pas ces niveaux de valorisation. On pourrait ainsi assister à la formation d’une bulle spéculative, qui pourrait exploser à l’annonce des résultats des entreprises, si ces dernières ne satisfont pas les investisseurs. Dans ce cas, ces derniers vendront leurs actions les estimant trop chères, et le marché va corriger, jusqu’à s’approcher de niveaux de valorisation raisonnables.